Mouvements de foule

Comprenez les dangers des mouvements de foule et découvrez nos conseils pour éviter la panique en cas d'incidents lors d’événements publics ou dans certaines zones urbaines.

RISQUES

Un concert dans une grande salle, un match dans un stade, une manifestation en centre-ville, des soldes dans un centre commercial, ou simplement une sortie de métro bondée : les mouvements de foule peuvent surgir dans des contextes très variés. Pourtant, ils partagent tous un point commun : lorsqu’une foule bascule dans la panique ou l’instinct de masse, les risques augmentent de manière exponentielle. Chaque année, des tragédies surviennent non pas à cause d’actes de violence, mais à cause de dynamiques physiques incontrôlées liées au comportement des foules. Comprendre ce phénomène, c’est déjà savoir comment l’éviter.

Qu’est-ce qu’un mouvement de foule ?

Un mouvement de foule est un déplacement soudain, rapide et souvent désorganisé d’un grand nombre de personnes réunies dans un même espace. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, il ne résulte pas forcément d’une panique collective. Même une foule calme peut devenir dangereuse lorsque la densité dépasse un certain seuil.

À partir de 4 à 5 personnes par mètre carré, on commence à parler de compression. À plus de 6 personnes/m², les mouvements individuels deviennent presque impossibles, et les corps se pressent les uns contre les autres. Le danger principal vient alors du phénomène de vague, où la pression exercée d’un côté se transmet comme une onde à travers la masse. Cela peut faire tomber des personnes au sol, les empêcher de respirer, ou les plaquer contre des obstacles comme des barrières, des murs ou d’autres individus.

Un mouvement de foule peut être déclenché par de nombreux éléments : une rumeur, un bruit suspect (coup de feu, explosion), une altercation, un effet domino suite à une chute, ou simplement l’ouverture de portes (comme lors d’un concert ou des soldes). Ce qui le rend imprévisible, c’est la réaction collective et la perte de contrôle qui suit.

Des événements similaires ont été observés dans des festivals de musique, des stades de football ou lors de mouvements de panique en centre commercial après des rumeurs de coup de feu. Ces situations montrent que tout environnement public est potentiellement concerné, dès lors qu’une foule dense se forme dans un espace contraint.

Des exemples tragiques bien réels

L’histoire récente regorge d’accidents dramatiques causés par des mouvements de foule. En 2022, à Séoul, plus de 150 personnes ont perdu la vie dans une ruelle lors des célébrations d’Halloween. Aucun incendie, aucune attaque armée : simplement un effet d’entonnoir dans un espace trop étroit, et une foule compacte qui continuait d’affluer.

En 2015, à La Mecque, plus de 2000 pèlerins ont péri dans une des pires bousculades de l’histoire moderne, lors du rituel de la lapidation de Satan. Là encore, c’est la densité extrême et l’impossibilité pour les secours d’intervenir rapidement qui ont aggravé le bilan.


Dans les sports et notamment le football également. De tristement célebres evenements comme le 29 mai 1985 à Bruxelles. 39 personnes, principalement des Italiens, ont perdu la vie lors de la finale de la Coupe d'Europe des clubs champions remportée par la Juventus face à Liverpool (1-0) grâce à un but de Michel Platini au stade du Heysel. Les médecins avaient aussi dénombré 600 blessés graves. Une charge de hooligans anglais avait provoqué un mouvement de foule, écrasant des centaines de supporters contre un mur du stade et provoquant de nombreux décès, souvent par étouffement.

5 mai 1992 à Bastia au stade de Furiani, 19 morts et 2 357 blessés sont à déplorer avant le coup d'envoi de la demi-finale de Coupe de France Bastia-Marseille, la partie haute d'une tribune provisoire de 10 000 places s'étant effondrée. En octobre 2021, le Parlement français a adopté une proposition de loi prévoyant qu'aucun match professionnel ne soit joué les 5 mai.

En 1989 à Sheffield (Angleterre)96 supporters de Liverpool ont trouvé la mort lors de la tragédie d'Hillsborough, dans le stade du même nom à Sheffield. Venus assister à la demi-finale de Cup entre Liverpool et Nottingham Forest, des milliers de spectateurs s'étaient retrouvés agglutinés, écrasés et étouffés contre les grilles de l'enceinte, avant même le coup d'envoi, en raison d'un mouvement de foule.

"Sous la poussée des supporters, les spectateurs s'écrasent contre les grilles de protection. Déjà, des regards s'éteignent, des mains s'amollissent sur les mailles de métal, des corps se dérobent. Déjà, la mort a frappé dans la foule." - Paris Match n°2083, 27 avril 1989 © David Cannon / Allsport / Getty Images

Michel Platini, l'une des plus grande star du football français et qui a été président de l'UEFA a par exemple toujours soutenu sa position d'interdir les espaces "debout" dans les stades suite à ces drames. Hélas depuis son départ en 2015 les instances mondiales ont autorisé cela. De nombreux jeunes supporters assistent donc à des matchs sur ces nouvelles règles, et n'ayant pas vécu les drames précédents ne se doutent pas du risques qu'ils encourent lors des matchs fortement agités en tribunes.

Pourquoi est-ce si dangereux ?

Le corps humain n’est pas conçu pour résister à une pression constante de plusieurs centaines de kilos. Lorsqu’un individu est coincé dans une foule dense, il peut rapidement être privé d’oxygène, même debout. La panique individuelle ne fait qu’aggraver la situation : les gens cherchent à fuir, à pousser, à grimper, ce qui déséquilibre l’ensemble du groupe.

Contrairement à une idée reçue, on ne meurt pas forcément piétiné, mais par compression thoracique. Lorsque la cage thoracique ne peut plus se dilater, la respiration devient impossible. Cela peut survenir en quelques minutes. Une fois que la densité critique est atteinte, même les plus forts ou les plus jeunes peuvent perdre connaissance sans pouvoir réagir.

Que faire si vous êtes pris dans un mouvement de foule ?

Le meilleur moyen de survivre à un mouvement de foule est de l’anticiper. Voici des conseils concrets, présentés de manière fluide :

Lorsque vous entrez dans un lieu public bondé: concert, manifestation, événement sportif, observez votre environnement. Repérez les issues de secours, les points de repli, les zones moins denses. Évitez de vous retrouver coincé entre une barrière et la foule, ou trop près d’un mur. Si vous voyez la densité augmenter rapidement autour de vous, éloignez-vous progressivement, en diagonale, vers les côtés.

Si le mouvement de foule commence, restez debout à tout prix. Protégez votre cage thoracique en plaçant vos bras pliés devant vous, comme en boxe, pour créer un petit espace de respiration. Essayez de vous synchroniser avec le mouvement général plutôt que de résister frontalement : en cas de vague, laissez votre corps suivre la pression en fléchissant légèrement les genoux, comme un surfeur.

Ne criez pas, ne poussez pas. Si vous faites tomber quelqu’un, essayez de l’aider sans tomber vous-même. Si vous tombez, protégez votre tête, roulez en boule, et essayez de vous relever dès que possible. Restez calme : la panique accélère les mouvements désordonnés, ce qui augmente le risque de chute collective.

Si vous êtes avec des enfants, portez-les dans vos bras s’ils sont petits, ou gardez un contact physique permanent. Fixez un point de rendez-vous à l’avance en cas de séparation.

Quels outils et attitudes peuvent sauver des vies ?

La préparation fait toute la différence. Ayez toujours sur vous un téléphone chargé, un sifflet ou une lampe clignotante si vous êtes dans un environnement nocturne. Certains survivalistes recommandent même de porter un petit sac à dos avec de l’eau, un mouchoir ou foulard (pour se protéger des gaz ou poussières), et une lampe frontale. Mais l’élément le plus important reste votre vigilance.

Faites attention aux signes précurseurs : hausse soudaine du bruit, regards affolés, mouvements de masse vers une direction unique. Ce sont souvent les premiers signes d’un début de panique. Si vous sentez la foule se comprimer autour de vous, n’attendez pas. Il vaut mieux quitter l’événement et revenir plus tard que de rester dans une situation instable.

Évitez les lieux avec un seul point d’entrée/sortie. Méfiez-vous des espaces en entonnoir, des escaliers, des passages étroits, des ruelles sans échappatoire. En cas de doute, positionnez-vous près des murs latéraux ou à proximité d’issues.

Les mouvements de foule sont des phénomènes physiques puissants, souvent sous-estimés. Ce ne sont pas des crises de panique collectives irrationnelles, mais le résultat logique d’un espace trop petit pour un trop grand nombre de personnes. Leur danger vient de leur soudaineté, de leur rapidité et du manque de préparation des individus. En vous informant, en observant, et en réagissant intelligemment, vous augmentez considérablement vos chances de rester en sécurité.

Dans un monde où les grands rassemblements sont fréquents — fêtes populaires, événements sportifs, concerts, manifestations — il est essentiel de connaître les réflexes à adopter, pour vous, vos proches, et peut-être sauver des vies.

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